Le club des cinq affronte les Lofoten, 2° Partie.

28-02-2014 00:00:00

     Après la découverte du Prao dans la 1° partie, nous vous laissons avec Thomas, Charlotte, Hugo, Yannick et Benjamin en Norvège sous le vent des Iles Lofoten.

     Les Lofoten, endroit magique, mystérieux et terrifiant qui inspira Jules Verne pour en faire l’endroit ou devait disparaître le « Nautilus » et son capitaine. C’était le lieu maudit du « Maelström ». La racine norvégienne de ce mot (male), signifie le barattage, changer le lait en beurre par un mouvement saccadé et violent. Cela donne le ton de leur essai et plante le décor. Un lieu bien peu propice à un navire inventé pour fendre la houle résiduelle des lagons du pacifique

A bord de «Koumal» et «Sangha», ils vous raconter leur histoire.

« Dimanche 7 août

    Jour du départ - Nantes > Narvik (Iles Lofoten)

    Nous avons fini la construction des bateaux la veille au soir.

    Nous nous sommes donnés rendez-vous pour charger les bateaux sur les remorques et partir vers 15 heures...

    En fait, les remorques que nous avons fabriquées ont besoin d'être adaptées et comme d'habitude, de nombreux contretemps nous retardent.

    Nous partons enfin pour la Norvège. Une route de 4000 km nous attend. Nous avons prévu de faire des quarts de conduite, afin de boucler les 60 heures de route on trois jours Au final, malgré une piètre organisation, nous arrivons à Narvik le jeudi. Heureusement, un temps magnifique et notre première nuit polaire nous ont aidés à puiser dans nos réserves pour boucler le trajet.

Jeudi 11 août

    Narvik, la plus grande ville des Lofoten.

    Pas le temps de se reposer ni de faire du tourisme : Il faut impérativement que nous nous procurions des cartes marines !

    Après avoir demandé conseil aux autochtones, nous trouvons enfin notre «Graal » dans une librairie Malheureusement, notre budget d'étudiant nous empêche d’acheter plus de deux cartes Nous sommes donc obligés de sélectionner notre zone de navigation dans la boutique. Premier coup dur: celle que l'on nous avait conseillée est bourrée de rochers, comme beaucoup d'endroits aux Lofoten d’ailleurs

    Finalement, après deux heures de délibération et une dizaine de cartes déballées, nous choisissons de nous rendre sur l'île de Sortland.

    Nous y arrivons dans la soirée.

    Deuxième coup dur: après avoir longé la côte sur une vingtaine de kilomètres nous ne trouvons, ni plages accessibles, ni cales de mise à l'eau dignes de ce nom

    Nous sommes pourtant obligés de monter nos praos dans l'eau. Après de longues recherches, nous passons finalement la nuit dans un bivouac improvisé, remettant notre quête au lendemain.

Vendredi 12 août

    Un panorama magnifique nous attend au réveil. Du haut de notre colline, nous reprenons courage et une petite douche dans un ruisseau finit de nous motiver. Hugo et Benjamin partent seuls, chercher une cale. Ils reviennent le sourire aux lèvres: un berger local a accepté de nous prêter la sienne. Celle-ci, même si elle ne paye pas de mine, nous convient parfaitement. De plus, l'hospitalité du berger nous a été d une grande aide pour la suite.

    Nous nous mettons à l'œuvre sans plus attendre

    Les bateaux n'avaient jamais été testés. Ils n'avaient jamais été montés entièrement non plus...

    Après une 1/2 journée de montage, les deux bateaux sont prêts. Nous les laissons au mouillage et bivouaquons dans le champ du berger.

 

Samedi 13 août

    Nous nous levons assez tardivement et commençons à charger les praos avec la marée basse Ce jour-là, la visite d'un journaliste autochtone nous surprend un peu... Intrigués, nous lui expliquons brièvement notre projet en anglais et lui

    indiquons l'adresse du site Web.,.

    Nous finissons de charger et de gréer les bateaux vers 16 heures. C'est alors que le miracle se produit : la sympathique « pétole » qui nous avait facilité la tâche du montage, s'est décidée à nous quitter au moment même où nous remontons l’ancre... Le premier bord est magique Dans une légère brise, les praos prennent progressivement de la vitesse...

    Quel bonheur de voir notre travail se concrétiser ainsi ! Petit à petit, nous faisons connaissance avec les praos. De conception innovante, les voiles semi-rigides avec des lattes en bambou réagissent très bien.

    Les systèmes de safrans relevables et leurs barres (autres innovations), fonctionnent mieux que nous ne l'espérions et même, nous surprennent ! Par contre, nous nous rendons rapidement compte que les praos n’aiment pas la houle. Les bras de liaison, trop souples et les pieds de mâts, sous dimensionnés nous font rapidement peur. Nous profilons du jour permanent et d’une superbe journée, pour naviguer tard dans la soirée. Nous rejoignons finalement une petite île déserte à la godille  Cette île semblait prédisposée à nous accueillir. Nous «beachons» facilement les praos sur un banc de sable et établissons notre bivouac, ravis de notre première navigation. Des poissons grillés au feu de bois achèvent de nous combler !

 

Dimanche 14 août

    Le temps s'est couvert pendant   nuit, le vent s'est levé aussi. La marée basse nous empêche de partir au matin Nous faisons le tour de l’ile et nous nous prenons rapidement pour des pirates sur l'île au trésor.  Hugo, le charpentier compagnon, nous construit une cabane pour faire sécher nos vêtements et nous abriter du vent Pendant l'après-midi, nous décidons de sortir faire un tour dans le fjord et de revenir dormir sur l'île

    Le vent s’étant levé, nous prenons un ris sur Sangha.  Koumai, le second prao, ne prend pas cette précaution et part devant.  Quelques minutes plus tard.il revient. L'équipage a entendu un craquement au pied de mât. Le retour est périlleux Yannick doit remonter le vent et le courant dans une passe plutôt étroite. De plus, le louvoyage en prao n'est pas chose facile !

    Après plusieurs tentatives et un rocher évité de justesse (grâce au courage de Charlotte qui na pas hésité à se jeter à l'eau pour sauver le bateau !), Koumal arrive enfin à destination.

    Le moral est très bas ! Sortis en mer pour pécher, nous sommes rentrés bredouilles avec l'impression d'avoir mal fait notre travail  Heureusement, aucun d'entre nous n'est blessé et les dégâts matériels sont minimes.

    Le rhum, le vin et le camembert, prévus pour ce genre de coup dur nous redonnent le moral et nous prenons, tard dans la nuit la décision de haubaner les praos pour continuer l'aventure. Il «suffît», pour cela, d'aller chercher les tètes de mât et les haubans au camion ! Nous remettons ça au lendemain.

 

Lundi 15 août

    Nous nous levons tard, il a plu toute la nuit et ça ne semble pas vouloir s'arrêter... Charlotte et Yannick profitent de la marée basse et du banc de sable pour rejoindre la terre ferme. Ils mettront tout l'après-midi à aller chercher le camion à pied et à ramener les haubans au bivouac. Pendant ce temps, l'équipage restant décide d'aller pêcher avec le bateau en état. La mer est assez plate et il y a un petit vent de force 2.

    Nous nous efforçons de rester très prudents avec le matériel, cependant, lorsque le bateau n'a pas la houle de côté, il se comporte très bien, ça fait plaisir ! Le moral passe de moyen à très bon dès les premières prises Avec une simple ligne à maquereaux nous arrivons à pêcher plus de 20 harengs en peu de temps ! Nous rentrons sans problème au campement où les autres nous attendent. Le soir, nous nous remplissons l'estomac de poissons grillés ou cuits en papillotes, tout en réfléchissant sur le haubanage. Il va falloir mettre à bonne longueur et «épissurer» les haubans avant la marée basse de 15 heures, pour pouvoir coucher les bateaux et les haubaner

    Heureusement, nous avions prévu les têtes de mâts en inox et les bagues en ertalite. Le matelotage dure une demi-journée et, tout le monde s'y mettant, les retournements et le positionnement des têtes se font tans problème. Nous finissons juste à temps, les pieds dans l'eau. Le soir, nous décidons, en mangeant, des bulots, de quitter l'île le lendemain.

Mardi 16 août

    Nous nous préparons à quitter le campement toute la matinée. En  seulement  trois  jours, nous avions colonisé la petite ile

    En allant chercher de l'eau chez un fermier à terre, une surprise nous attend: ce dernier nous accueille en brandissant un journal, l'air très excité !

    Nous avons fait la première page du journal local. L'article raconte que des Français un peu fous sont venus tester des bateaux étranges pour la première fois dans les fjords... Nous quittons l'île après avoir chargé les bateaux. Direction «The Older Fjord».

    Cette première navigation avec les haubans est l'occasion de tester un peu plus les bateaux, mais aussi la navigation dans les fjords. Les haubans semblent apporter une certaine rigidité au portant, par contre ils ne résolvent pas le problème, lorsque la houle vient de côté. Après quelques heures en mec nous commençons à avoir les praos en main. Les conditions météo sont assez bonnes et les paysages magnifiques. Par contre, comme les vents longent les montagnes, la navigation est très troublante, le vent tourne sans cesse, la houle aussi, ce qui ne facilite pas la tâche en prao Pacifique ! Tard dans la nuit, nous arrivons dans «The Older Fjord». Le mouillage de nuit, bien que périlleux, se passe bien. Fatigués, nous bivouaquons et nous endormons rapidement.

 

Mercredi 17 août

    Au réveil, nous sommes surpris par la beauté des paysages, que nous n'avions pas soupçonnée. La marée nous laisse peu de temps pour explorer le fjord et plier le campement. Nous partons vers midi. Après avoir essayé de pénétrer plus profondément dans le fjord, nous rebroussons chemin, apeurés par les nombreux rochers. Charlotte ayant un avion à prendre le 18 août, nous devons nous rapprocher de notre point de départ. Toute la journée, nous naviguons donc sur le chemin du retour, bord à bord, sur une mer plate. Les éclaircies rendent les paysages magiques. Nous oublions toutes les galères précédentes et en profitons. Après quelques milles parcourus ainsi, le vent tombe, la nuit aussi.

    À environ trois milles de notre île de destination, nous sommes obligés de godiller pendant plusieurs heures.

    La fatigue commence à se faire sentir, l'énervement aussi.

    Finalement, nous  décidons vers 1 heure du matin de nous reposer sur une île qui semble assez accueillante. Les manœuvres de nuit, dans des eaux remplies de rocher» sont toujours périlleuses, pourtant, nous accostons sans problème. Yannick et Charlotte ne s'arrêtent que le temps de déposer leur passager et de manger un peu ; Charlotte prend le bus tôt le lendemain. Tandis qu'ils profitent d'une légère brise pour repartir vers la ferme, nous établissons un bivouac et préparons la vingtaine de poissons péchés ce jour-là. Dans la nuit, nous sommes réveillés par la pluie et le vent.

    Benjamin, le plus expérimenté, doit même sortir pour déplacer le mouillage. En effet, en peu de temps, le vent a tourné de 90 degrés et a forci, jusqu'à atteindre un bon «force 5-6». Le prao menace de s’échouer sur des rochers. Sur ses gardes toute la nuit. Benjamin sort plusieurs fois en caleçon, dans l'eau, pour déplacer le mouillage. La nuit aura été pénible. 

Jeudi 18 août

    Lorsque nous sortons des tentes, le temps ne s'est pas amélioré, nous devons une fois de plus déplacer le mouillage avec la marée Le bateau en sécurité, nous attendons le retour de Yannick, en espérant qu’il n'a pas pris la mer par ce temps-là ! Nous faisons le tour de l'île, assez grande, qui en fait sert de pâturage à des moutons

    La météo semble s'améliorer mais pour combien de temps ? Soudain, en fin de matinée, nous apercevons un prao rouge au loin. Yannick, qui a été obligé de quitter son mouillage pour ne pas s’échouer a profité d'une accalmie pour nous rejoindre. Au portant, par force 5, le prao se comporte bien et Yannick pense avoir atteint les 10 nœuds en levant légèrement le flotteur. Lorsqu'il nous rejoint, il est gelé Le bateau était tellement proche des rochers qu'il na pas eu le temps de s'habiller. Il vient de naviguer plusieurs heures en caleçon dans l'Océan Arctique !

    Nous l'accueillons comme il se doit, avec des vêtements chauds et un grog pour qu'il se remette de ses émotions: dés que la marée sera assez haute, nous lèverons le camp et profiterons de la fenêtre météo. C'est ainsi que dans l'après-midi, après avoir bien mangé, nous partons pour regagner la cale. Nous prévoyons d'arriver en début de soirée et d'enchaîner directement le démontage des bateaux toute la nuit En effet, l'expérience de Yannick nous a montré qu'il n'était pas possible de mouiller ici par ce temps. Le chemin du retour est assez difficile, le vent est faible et la houle de travers, ce qui met les pieds de mât à rude épreuve. Finalement nous arrivons à la cale, de nuit.

    Comme prévu, nous ne perdons pas de temps et vidons les bateaux dès notre arrivée.

    Heureusement, l'opération de démontage commence à nous être familière. En quelques heures, malgré l'obscurité, la pluie et le froid, nous parvenons à tout démonter. Les bateaux sont posés en vrac dans le champ du berger, nous remettons au lendemain le rangement À 3 heures du matin, trempés, fatigués, nous allons nous coucher...

 

Vendredi 19 août

    Le rangement du matériel trempé et le chargement des bateaux sur les remorques se font toujours sous la pluie.

    Ça nous prend la journée entière, enfin nous sommes prêts Les fermiers nous proposent alors de dîner et de nous doucher chez eux. Ils n'auraient pas pu nous faire plus plaisir, ça fait 10 jours que nous ne nous lavons pas et que nous mangeons essentiellement de la semoule et des biscuits. Ce repas est fantastique, autour de vins français et d'un plat traditionnel du Cap Nord. Nous racontons notre périple et eux nous expliquent comment se passe la vie aux Lofoten.

    Finalement, nous prenons la route, toujours sous la pluie. Le retour se fait à peu près au même rythme qu'à l'aller jusqu'à Stockholm, où nous faisons une pose de deux jours chez des amies.

 

Mercredi 24 août

 

    Nous arrivons à Nantes vers 2 heures L'émotion est grande. Le projet, pour lequel nous avons tous tellement travaillé, s'achève. Qu’allons-nous faire à présent ?... »

 

Un monocoque Quillard, un Prao Atlantique, un Prao Pacifique

 

www.lofoten-tourist.no



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