Jolie garcette a Bord , ou l'histoire d'une tradition battue en brèche :

05-08-2013 00:00:00

Maeva nous a envoyé un texte illustrant l’article sur « la guerre des sexes ». Des propos et des conseils valables pour tout navigateur(trice). Je vous le transmets comme un « cadeau », en pensant très fortement à mes filles. Vous pouvez laisser vos commentaires en fin d’article

Un chef de bord au si joli sourire (réflexion misogyne d’un marin qui aime les femmes)

Texte de Maeva

Longtemps, l’image qui associait les femmes à la mer était celle-ci : une silhouette sur le quai d’un port, le regard perdu vers le large, guettant (parfois vainement) le retour du pêcheur ou de l’aventurier,

L'origine de la femme interdite de bord est religieuse et remonte au temps des croisades. Jérusalem était alors une ville de plaisir et de perdition, débauche et oisiveté en tout genre. Interdire a la femme de naviguer, c'était lui interdire la ville sainte, le sacro Saint Passage vers la Palestine, terre des croisés, la rédemption mais aussi le vice et la débauche.

D'interdit sacré, l'histoire est devenue superstition puis tradition.

Il y eut des « fortes têtes » qui, par goût de l’aventure ou par nécessité, ont bravé l’interdit et largué les amarres : Anne Bonny la pirate, ou Jeanne Baret, cette jeune fille déguisée en matelot, qui en 1766, embarqua avec Bougainville pour son célèbre tour du monde. Et depuis, plus personne ne s’étonne de voir une Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Ellen Mac Arthur se lancer dans une solitaire à la voile…

Dés qu'il est question de femme, il est question de subtilité, de demie mesure, il y a les femmes de marin, et les marins elles même, les sardines, les monitrices, les tour du mondistes, celles qui tirent du bout, celle qui cuisent le pain, celles qui élèvent les enfants, celles qui ont le mal de mer et celles qui ont le mal de terre, celle qui attendent a terre , celles qui attachent les amarres et celles qui les largues.

Parler de guerre de sexe a bord est faux, c'est plus simple et plus complexe a la fois, comme toute histoire de mer, comme toute histoire de femme

Les renards des mers aiment a la compagnie féminine, un café de servie, une bière fraîche, un joli minois sur le pont. On en profite pour chaparder tellement d'information qu'ils se font un plaisir de vous offrir. Des pécheurs a la retraites, si l'on sait se faire accepter a bord, parlent librement des coins, des déventes, racontent des histoires que l'on savoure a l'apéro, on devient des camarades de pont, un équipage l'espace d'un instant. Souvent ils sont tristes que Margot ne les accompagnent pas et comme dit la chanson, « j'avais le cœur gros en passant les feus de Saint Malo » mais la mer est la plus accaparante des maîtresses et qui l'a dans la peau et dans le sang ne peu s'en passer.

Les bords ancien étaient masculin et qui aura navigué sur un vieux gréement comprendra pourquoi, il faut de la force et de l'entrain, mal de mer interdit,

Mais en ce temps là, l'homme ne naviguait pas plus, car en guise de marin , il y avait les pécheurs, ceux de la royale, ceux du commerce, quelques s transport de passagers et basta

L'après guerre marqua l'apparition de la plaisance, moins aventureuse, moins physique, plus familiale et parfois plus solitaire. Les voiliers modernes offraient la possibilité de naviguer, plus de conforts, plus d'espace, plus conviviaux. La voile sportive fit son apparition également.

La place de « Madame » ou de « Jolie garcette » commença alors à se poser à bords,

Pour certaines, c'était niet pas question d'embarquer a bord (le mal de mer, la peur, l'angoisse de la promiscuité) pour d'autres c'était oui mais, tentée par l'aventure mais se cantonnant a des rôles traditionnels, comme l'éducation des enfants, ou la cuisson du pain.

Pour d'autres, c'est « il n'y a pas de femme a bord, il n'y a que des marins » la question se posa en d'autres termes.

Le monde de la voile est complexe, physique, technique ; c'est un jargon, c'est un apprentissage, une compréhension, L'esprit technique est un atout qui colle mal avec la logique féminine, sauf exception,

Voici le récit d'une femme qui navigue, ses impressions et sa sensibilité :

Bercée par la mer, en outre mer avec mes parents, c'est avec eux que j'ai appris à naviguer.

A huit ans sur Optimiste, j'aurai adoré si ce sale oiseau de moniteur ne m'en avait pas dégoutté en me hurlant dessus du plus fort qu'il pouvait, sale type, pauvre C....

Pourquoi ma voile f asseyait, pourquoi mon optimiste n'avançait pas, que voulait dire abattre ou lofer, autant de mystères.

Mon père avait un projet TDM, je l'accompagnais donc chez des architectes avec infiniment de plaisir, mais il devait jeter l'éponge a cause de ma mère qui refusait le hauturier. Cela marqua le début de la fin entre mes parents et une grande fracture familiale ;

La voile, la mer et la plaisance furent oubliée lorsque je devais rentrer en France. Je portais un grand vide en moi, une sorte de manque absolue, comme une dépression latente que je ne parvenais à identifier. Aujourd'hui ce vide est comblé

La nostalgie est revenue emportant tout sur son passage, ma place serait désormais sur un voilier.

Petite nana, les débuts ne furent pas facile ; j'étais gauche sur un pont, timide hésitante, doutant de moi même. Ce terrible doute qui faisait que j'avais tellement peur de me tromper, de faire mal, de mettre en danger les autres.

C'est une particularité des équipières, paraît-il, le manque de confiance en soi,

Le carré, la cuisine, sur mon premier bord fut rassurant. A mon second bord, il devint mon ennemi. Ce fut le baptême du feu a Paimpol, 1 semaine de nav sous BMS, 4 jours sous tourmentin, le froid et la gueule a bord des équipiers, merveilleux mono mais mauvais stage, je devais endosser l'habit de l'équipier martyr, celui qui n'a pas sa place sur le pont mais a qui ont délègue toute les corvée en bas. J'ai faillit jeter l'éponge, pas de réflexion misogyne, mais une misogynie ambiante, désagréable et poisseuse, pas de la part du mono mais des autres équipiers

Je suis repartie, quelques semaines plus tard, sous la neige et dans le froid, mieux équipée, avec une femme chef de bord. J'ai vu ses doutes, ses forces et ses imperfections. J'ai appris à relativiser, bucher la nav et continuer d'avancer.

La bascule s'est faite avec un coach particulier, qui m'a motivé entraîné, rassuré, il a su répondre a mes questions, mes doutes, comment prendre une position sur le pont, hisser une gv et utiliser mon potentiel au mieux.

En même temps que je progressais, mon aptitude changeait, mon corps se musclait là ou il fallait et j'étais de moins en moins fatigué en mer, bref je me suis amarinée. J'ai appris a utiliser la force de mes cuisses, mes positions et faire de mes faiblesses des atouts

La fatigue en moins, le muscle en plus, l'arrivée des jours meilleurs fut salutaire en mars.

Après un bord ou le mono était un vieux misogyne, dangereux sur un pont et qui criais que « nous étions des marins, nous au moins » après avoir passé la journée a faire du moteur autour de Brehat car il ne se sentait pas de hisser les voiles, tu parles d'un marin !

J'ai compris alors, qu'il pouvait y avoir de la force a être une femme a bord, qu'il était facile de dire non a l'autorité, que je ne serait jamais comme les autres, mais que dans le groupe parfois un peu de recul, un peu de raison, pouvait apporté un plus,

Les bords ont continué, le suivant fut très physique et marqua le passage d'un cap, celui du hauturier, des quarts, des boules quies dans le ciré, les bottes que l'on ne quitte pas, la vie a bord, masculine, seule petite nana avec des hommes.

Ceux qui viennent faire a votre place, qui ont du mal, les « gros bras de la mer » ceux qui vous expliquent comme attacher un pare batte alors que vous venez de vous taper 8 heures de nav que vous êtes naze et que vous souriez alors que le pare batte vous avez envie de lui mettre dans la figure.....

Ahhh le pare batte, les bons chef de bord parlent d'autres choses, que de pare bate ou de nœuds d’amarrage

Puis un jour, un équipier vient vers vous en vous demandant « c'est quoi une manille », puis vous vous faite engueuler car vous avez trop étarqué la GV, puis c'est vous que l'on envois comme numéro 1 sans cesse....Alors vous comprenez, a cet instant précis, que vous devez être numéro deux, que vous devez a votre tour aider sans prendre la place, laisser le plaisir aux autres, qu'a bord tout se partage et que dans un stage si vous savez, vous devez vous taire, sourire au mono et que c'est l'heure de faire le poulet coco tandis que les autres bossent le calcul de marée.

A ce moment là, vous quitter le ciré, c'est l'été, il fait beau, un catogan dans les cheveux , vos ongles sont impeccablement vernis et vous n'avez plus honte d'être une femme a bord.

Vous avez des gants de ménage, pour nettoyer le moteur, vous protéger vos mains des drisses, et à l'étourderie que vous faite, comme parfois les hommes a bords, vous riez en disant « Blonde a bord » vous êtes un équipier et une femme, et là vous êtes accepté....

J'ai navigué avec les pécheurs et ils m'ont accepté, des renards de la mer et ils m'ont aidé, des jeunes sur doués qui m'ont tellement donné, Grace a mon dernier mono, je quitte l'école pour rentrer dans la vrai vie.

J'ai longtemps cru qu'être une femme était un handicap, mais c'est un atout ; une sorte de Joker car les misogyne ne sont pas les meilleurs navigateurs. Les marins, les briscards, les capitaines courages vous acceptent volontiers, si l'on prends notre place a bords, accueillit comme un équipier, à condition d'en être un.

Souvent, j'aide au ponton un bateau qui arrive, pied nu, faisant glisser le bout comme j'ai appris le faire,

Il n'y a pas si longtemps j'étais terrifiée a l'idée de descendre a terre , et je portais mon pare batte comme saint sacrement,

Aujourd'hui, je pense a cette petite fille triste et j'ai envie, quand le temps sera venu de transmettre a mon tour, dans le calme et la sérénité, peu être , la voile mais pas seulement, l'amour de la mer, la vie a bord, le respect de l'autre autant de valeurs fondamentales.

J'ai navigué sur des bords plus féminin j'ai adoré, j'ai navigué uniquement avec des hommes j'ai adoré

Mon objectif désormais, souffler un peu, et devenir un jour un marin plein de souvenir et d'histoire a dire

Quelques trucs de femme en stage d'apprentissage :

  • Les misogynes sont en général de très mauvais marins
  • ne pas hésiter a dire que « non moi non plus je ne sais pas faire la cuisine , c'est C.....quand même , sur 4 mecs pas un seul ne sais cuisiner, dommage moi c'est Mr qui cuisine »
  • Ne pas hésiter, si le bord est sympa a faire le contraire, un bon plat bien chaud revigorant rapide vite fait pendant l’amarrage après une route difficile, une engueulade sur le pont, ou un trop plein de fatigue, ca requinque l'équipage
  • Un peu d'huile essentielles d'agrumes pour parfumer le bateau
  • Avoir de l'humour, relativiser, et dire rapidement quand cela ne va pas, sourire, toujours sourire
  • Refuser d'être l'équipier martyr, celui a qui on délègue les bordées mais qui n'a pas sa place sur le pont
  • Avoir son couteau dans la poche et une multi dans le sac, cela dépannera toujours
  • Refuser de ranger systématiquement le carré au départ, quand les cartes nagent dans le saumon et que les jumelles ont valsés, tout le monde se fait brasser mais au moins vous aurez appris a gréer une voile d'avant
  • Avoir une tite robe, un peu de maquillage, une tenue pour la sortie, une crème parfumée pour les mains
  • de l'humour, de l'humour et encore de l'humour
  • Bosser a fond les manœuvre de port
  • Prendre son sac et faire son apprentissage seule dans une vrai école de voile
  • Et si votre capitaine ne vous fait vraiment pas votre place a bord, et bien reste a se poser la question d'un changement de bord ou de capitaine
  • Et si l'on a envie de laisser travailler les autres, ne pas hésiter a le faire surtout s'il fait beau et que c'est les soldes dans les boutiques....bon tu me passes ta cartes bleu, Musto solde en ce moment....

Maeva au Travail



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